« Les femmes, on continue à s’asseoir dessus, ou on change pour de bon » ?
Voilà ce que vous pouvez lire sur l’une des formidables affiches de la nouvelle campagne de sensibilisation sur l’égalité professionnelle homme-femme lancée début 2012 par le Laboratoire de l’Egalité.
Mieux connaître cette association, ses engagements, ses actions, c’est ce que nous vous proposons de découvrir au travers de l’entretien que nous a accordé Olga Trostiansky, co-fondatrice du Laboratoire de l’Egalité, et présidente de la Coordination française pour le lobby européen des femmes (CLEF).
Olga Trostiansky, Secrétaire Générale du Laboratoire de L’Egalité.
Olga Trostiansky est présidente de la Coordination française pour le lobby européen des femmes, CLEF depuis 2008. En 2004, elle a été également présidente de l’Assemblée des femmes Paris Ile-de-France, association dont elle est adhérente depuis 1995. De 1983 à 2002, elle a été consultante et chef de projet dans différentes sociétés françaises. Elle est élue à Paris depuis 1995.
Le Laboratoire de l’Egalité, comment l’avez-vous créé ? Quelles sont vos actions ?
« En 2009, avec Dominique Meda, sociologue, nous nous sommes dit qu’en France, il n’y avait pas grand-chose qui avançait en matière d’égalité professionnelle depuis 15 ans : les femmes avaient investi le marché du travail de manière massive, mais malgré les différentes lois,
– des forts écarts de salaire entre hommes et femmes continuaient d’exister,
– les femmes n’étaient pas en responsabilité ni dans les entreprises ni sur le plan politique,
– et on n’avançait pas non plus sur des sujets comme les modes de garde etc.
Par contre, des actions émergeaient dans le monde de l’entreprise, et des organisations patronales et syndicales, avec des propositions d’hommes et de femmes politiques, d’associations féminines, féministes, étayées par des rapports de chercheur-ses et d’expert-es. Donc en 2009, nous avons rencontré tous ces différents acteurs et actrices engagés dans l’égalité professionnelle au sens large : à la fois les écarts de salaires, les retours de congé maternité, le temps partiel, mais aussi les retraites, les modes de garde etc
Voilà l’histoire, la naissance du Laboratoire de l’Egalité : nous avons voulu créer une plate-forme pour que toutes ces femmes et hommes qui réfléchissent et agissent puissent ensemble représenter une véritable force, et interpeller les décideurs en France.
Un positionnement original
Il est très important de voir ce que nous sommes, et ce que sont d’autres associations.
Nous ne sommes pas une association dite « féministe », même si nous respectons profondément les combats des féministes, qui ont permis des avancées considérables en matière de droits des femmes.
Nous sommes dans la logique d’un combat, non pas des femmes contre les hommes, mais des hommes et des femmes, qui se battent pour des hommes et des femmes. L’innovation et la stratégie du Laboratoire de l’Egalité, c’est de rassembler des hommes et des femmes. Si le Laboratoire n’est pas totalement paritaire, il est en tout cas mixte, puisque 30% des membres sont des hommes, pourcentage qui se retrouve dans le conseil d’administration, et dans le bureau.
Dernier positionnement, nous sommes des hommes et des femmes de droite, de gauche et du centre.
2010, année de la création du Laboratoire de l’Egalité
Nous avons volontairement choisi de traiter un sujet très complexe, les retraites des femmes : nous avons élaboré des propositions avec les chercheurs et les chercheuses, les experts, puis nous avons joué un rôle d’interpellation, à l’Assemblée Nationale, au Sénat, et dans les médias.
Nous avons réussi à vulgariser ce sujet compliqué et dès septembre/octobre 2010, dans la presse, on a parlé des retraites et des femmes ; grâce à nos travaux, à l’ensemble des réflexions menées par d’autres avant nous, l’opinion publique est arrivée à prendre conscience de cet enjeu.
Les écarts de retraite des femmes sont une réalité quelles que soient les classes sociales, que l’on ait ou non des enfants; toutes les femmes sont concernées.
2011, nous décidons d’interpeller les candidats à la présidentielle de la République
Nous avons comme objectif d’interpeller l’ensemble des décideurs, et nous avons travaillé sur « un pacte pour l’Egalité », avec quatre axes :
– l’accès des femmes aux responsabilités,
– l’égalité professionnelle (disons plutôt réduction des écarts de salaire) avec un soutien particulier aux femmes en précarité,
– la conciliation vie professionnelle-vie familiale, avec l’implication des hommes,
– et la lutte contre les « stéréotypes sexistes », ce qui est pour nous la construction d’une culture très structurante de l’égalité entre les hommes et les femmes.
La campagne de publicité, un vrai succès
Pour promouvoir nos démarches, nous avons lancé cette campagne d’affiches et de films, mi-janvier, puis début mars. Nous souhaitions dire des choses, et avec humour – c’est ce que nous avons tenté de faire – sur une durée très courte 35 à 45s, ce qui n’est pas évident…
Cette campagne a été réalisée avec notre principal partenaire, Mediaprism, au travers d’études, de sondages, et grâce à l’aide de la présidente directrice générale, Frédérique Agnès, qui, en termes de communication, nous a aidés – car nous ne sommes pas des professionnels de la communication, nous avons d’autres compétences, mais pas celles-là…. Cela a été construit pas à pas.
A ce jour, nous avons des retours extrêmement positifs.
Cette campagne a-t-elle été relayée par les réseaux sociaux de femmes en entreprise ?
Je vais être très directe et très simple : Nous avons beaucoup d’atouts, mais nous avons des progrès à faire en matière de travail avec les réseaux sociaux … Nous avons une nouvelle étape à franchir et nous devons compléter notre action par une communication professionnelle autour des réseaux sociaux, cela reste à entreprendre.
Comment souhaiteriez vous travailler avec ces réseaux de femmes ?
Pour moi, il y a trois types de réseaux, avec lesquels nous devons travailler et échanger en termes de communication pour passer le relais :
- les réseaux GEF (Grandes Ecoles au Féminin), HEC au Féminin, qui est une des écoles partenaires, l’ESSEC, avec qui nous organisons prochainement un tour de France ;
- tous les réseaux de femmes qui se sont créés en entreprise ; certains sont déjà présents au Laboratoire, c’est une dynamique d’échanges à renforcer ;
- le troisième réseau, c’est le réseau dans lequel je travaille – je suis présidente de la CLEF (Coordination du Lobbying Européen des Femmes) – c’est plutôt le secteur « entreprenariat au féminin », il y a des réseaux complémentaires à tisser.
Quelles actions souhaiteriez vous le plus aboutir dans le mois qui viennent ?
A très court terme, je souhaite que l’égalité entre les hommes et les femmes soit à l’ordre du jour des présidentielles de 2012.
Ce n’est pas une démarche politicienne mais un véritable un travail de fond.
La construction de cette égalité des hommes et des femmes arrive à un tournant en France au XXI ème siècle : les hommes et les femmes ont commencé à prendre conscience qu’ils/elles véhiculaient des stéréotypes sexistes, et c’est pour moi le changement significatif en France.
Le prochain président de la république doit impérativement se saisir de ce moment historique.
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Pour aider le Laboratoire de l’Egalité dans sa démarche, si l’égalité professionnelle est un sujet qui vous tient à cœur, n’hésitez pas à relayer la campagne du Laboratoire de l’Egalité sur vos blogs, vos fils twitter …
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