Dans le cadre de la 17ème Rencontre de l’Observatoire sur le thème « Expérience salariée : nouvelle culture managériale à l’ère du numérique », nous avons eu l’honneur d’écouter le retour d’expérience de Franck Mougin, Directeur des Ressources Humaines et de la Transformation du groupe Vinci.
Avec 185 000 collaborateurs répartis dans 3000 filiales à travers plus de 100 pays, la digitalisation d’un groupe comme Vinci constitue un challenge très particulier.
Notre intervenant a commencé par nuancer l’image que l’on peut avoir de ce grand groupe en externe : alors que nous nous le représenterions instinctivement comme centralisé, Vinci repose en réalité sur une organisation très décentralisée où les salariés sont comparables à des entrepreneurs travaillant en réseau.
C’est pourquoi, bien que ses valeurs et son management traditionnels tendent vers le conservatisme, l’arrivée de la transformation numérique en interne n’a suscité que peu de frilosité. Bien au contraire, la configuration déconcentrée de l’entreprise a favorisé une transformation bottom-up dynamique qui a impacté tous les métiers. C’est tout naturellement que ce groupe d’entrepreneurs s’est retrouvé piloté par le bas.
Dans le cadre de sa digitalisation, Vinci a lancé son RSE « Network Together » il y a un an. Encore une fois, confie F. Mougin, la spécificité de leur démarche consiste à ne pas rechercher la centralisation. En effet, c’est avant tout le besoin de transversalité qui a motivé le déploiement du réseau social. Et c’est finalement à travers l’optimisation de la transversalité que l’entreprise vise l’unité. Bien qu’à l’origine les différents métiers se soient lancés indépendamment et que toute initiative reste encouragée, il est aujourd’hui indispensable de construire un socle commun solide fondé sur des valeurs partagées.
Pour finir, notre intervenant a évoqué l’impact de la digitalisation sur le management. Chez Vinci, il faut savoir que le terme utilisé pour désigner un manager est celui de « patron ». Le patron est celui qui est en charge du « patronage ». Chez les compagnons, le patron est celui qui forme l’apprenti…cela est fort de sens ! F. Mougin explique que la légitimité du patron est liée à l’expertise qu’il partage, à sa capacité à encourager l’agilité de ses équipes et à accompagner les salariés dans leur développement pour les préparer au futur.
Aujourd’hui, les Ressources Humaines s’attachent à rendre service aux patrons puisque c’est d’abord par eux que passe l’expérience salariée et que passera donc son renouvellement. Il faut néanmoins reconnaître que ces nouveaux réflexes et processus prennent du temps.