MODERNISATION DE L’ADMINISTRATION
Quand l’administration ose le réseau social professionnel
Par R. Mazon – Publié le 10/01/2014 – lagazette.fr
Le ministère des Affaires étrangères va faire franchir un cap à la modernisation de l’Etat, en ouvrant, en juillet 2014, le premier réseau social professionnel pour une administration. L’audacieux projet, porté par le DSI du ministère, Nicolas Chapuis, fait sauter bien des verrous : technologiques, managériaux, et de transparence de l’information.
Imaginez une administration de plusieurs milliers d’agents, répartis à travers le monde, qui n’utilisent (presque) plus de mails. Imaginez que cette administration traite chaque jour des centaines d’informations géopolitiques ou économiques ultrasensibles, grâce à un outil qui s’apparente à Google+. Imaginez que cette administration d’Etat embarque dans son projet d’autres ministères, malgré les silos et les étanchéités. Imaginez, enfin, que ce réseau social soit ouvert largement aux publics.
En juillet 2014, il ne s’agira plus de fiction, car le ministère des Affaires étrangères aura alors ouvert son nouvel outil de communication, Diplomatie, véritable réseau social professionnel et premier du genre dans le monde. La version bêta de ce réseau a été ouverte le 2 janvier.
Un projet qui aura, ce n’est pas rien, reçu l’aval de deux premiers ministres, François Fillon d’abord, Jean-Marc Ayrault, ensuite. Et ce, malgré des audaces qui sont rarement prêtées à l’administration.
Les mails, dévoreurs de temps – « Ce que nous allons créer, c’est un réseau social professionnel, sur le modèle Facebook, ou Google+. C’est un outil professionnel, mais c’est un réseau social d’abord », martèle Nicolas Chapuis, DSI du ministère des Affaires étrangères et initiateur du projet Diplomatie, ou, de son vrai nom, “pour ne pas être rejeté d’emblée”, “Portail interministériel de la correspondance diplomatique”.
« Vous ne diffusez plus une information en push, comme dans les mails, mais vous la postez. Et ceux qui sont intéressés par votre sujet viennent le chercher », décrit le DSI. Le changement est majeur, pour une organisation qui, comme beaucoup d’autres a vu la place de la gestion des mails croître de façon exponentielle : « J’ai calculé qu’au ministère, le cadre intermédiaire, qui a 30 à 35 ans, passe 3 heures par jour, sur 7 heures, à ouvrir des mails ; pas à les traiter, mais à simplement les ouvrir ! C’est une perte d’efficacité totale. Pourquoi ? Parce que dans les mails qu’il reçoit, 1 % seulement est utile. Et nous savons tous que plus on écrit, moins on est lu ! Parce que la capacité de lecture est limitée”, analyse-t-il.