Aurélie Dudezert est enseignante-chercheur à l’IAE de Poitiers et anime le club digitalisation et organisation de l’ANVIE, association qui oeuvre pour le dialogue entre les sciences humaines et sociales et le monde de l’entreprise afin de comprendre comment il est impacté par les évolutions de notre société.
Dans Usine Digitale, elle a partagé sa vision des changements qu’entraîne la digitalisation des entreprises que ce soit sur le plan organisationnel, managérial ou humain.
Elle explique tout d’abord que les sciences humaines ne s’intéressent pas tant aux outils digitaux eux-mêmes, qu’à leur usage par les salariés et la façon dont ces derniers se les approprient. En effet, ce qui sera fascinant à étudier est l’éventuel décalage entre l’usage final que l’utilisateur aura décidé d’en faire et l’usage initial que le concepteur de l’outil avait prévu.
Ce constat, selon lequel le digital est à la portée de chacun et que tout collaborateur peut se l’approprier différemment, nous amène au point suivant : si la gouvernance en matière de digitialisation est si complexe, c’est précisément parce que les orientations données par les directions n’empêchent pas le reste des salariés d’être acteurs de cette transformation et de jouir d’une certaine liberté quant à l’utilisation des technologies.
Ainsi, pour éviter que la transformation des entreprises ne parte par le bas sans aucun contrôle du management, il est essentiel de s’interroger sur l’évolution du rôle du manager pour qu’il ne soit pas court-circuité. Selon A. Dudezert, on n’attend plus du manager qu’il agisse comme un leader, mais comme un coach. On passe du « command & control » au « test & learn », basculant ainsi du pouvoir décisionnel d’un individu au pouvoir décisionnel d’une équipe entière fondé sur les leçons tirées de l’expérimentation. Souvent, les stratégies de digitalisation des entreprises prévoient d’ailleurs un accompagnement propre au managers et top managers.
Toutefois, les managers ne sont pas les seuls concernés par un changement de posture. Les DRH s’interrogent eux aussi sur leur avenir, en commençant par la remise en question de leur titre : on préfère de plus en plus parler de richesses ou relations humaines que de ressources humaines.
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