Comment faire des collaborateurs des acteurs de la transformation digitale de l’entreprise ?

Compte rendu Table Ronde #Netexplo

« Comment faire des collaborateurs des acteurs de la transformation digitale de l’entreprise ? »

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Comment faire des collaborateurs des acteurs de… par netexplo
Comment faire des collaborateurs des acteurs de… par netexplo

Jeudi 27 mars dernier, Netexplo recevait 35 décideurs de grandes entreprises aux studios Dailymotion pour parler de « L’innovation digitale mondiale vue par les entreprises françaises ». Des débats riches et animés retransmis toute la journée sur le web.

« Comment faire des collaborateurs des acteurs de la transformation digitale de l’entreprise ? » était le thème de la table ronde qui réunissait Charles-Henri Besseyre Des Horts (HEC Paris), Ziryeb Marouf (Orange / Observatoire des Réseaux Sociaux d’Entreprises) et Bernard Cathelat (Netexplo).

« Ce n’est pas gagné !». C’est par ce constat simple, tiré de l’étude Netexplo Digital Ready que Bernard Cathelat introduit la Table Ronde. « Nous sommes dans une situation proche de celle d’une table de poker : les dirigeants sont encore à l’étape “ je paie pour voir”, sans réellement comprendre et accompagner la transformation digitale elle-même». Les collaborateurs n’ont pas encore compris les bénéfices réels qu’ils ont à tirer de cette transformation. Le digital est généralement perçu comme dangereux et souvent synonyme de perte d’emploi, de robotisation du travail, de pression constante ou encore de perte de confort au travail. « Les entreprises doivent faire l’effort de banaliser le digital ».

 

Selon Charles-Henri Besseyre Des Horts, la vraie question est donc de savoir pourquoi les gens résistent ? La réponse est simple : la technologie n’est qu’une condition nécessaire mais pas suffisante. Quel est le bénéfice humain tant que l’entreprise n’a pas fait sa mue culturelle ?

 

Pour Ziryeb Marouf cette transformation est effectivement d’abord une question de culture. Souvent, les entreprises sont séduites par l’image innovante mais oublient de se poser les questions de la collaboration et de l’engagement des salaries. Alors qu’elles devraient d’abord “décider de ce à quoi elles veulent que cela serve avant de dépenser des budgets colossaux pour implémenter un outil”. Le digital est une question de culture plus qu’une question de technologie.

“La technologie n’est pas fautive”. Selon Charles-Henri Besseyre Des Horts, c’est le “manque d’acculturation au digital de l’entreprise” qui se contente souvent de “réinventer le taylorisme en séparant ceux qui pensent et ceux qui font.

“L’outil n’est qu’un levier. L’énergie vient de l’humain. Le risque, c’est la tentation technocrate. La voie, la révolution du management participative”.

Pour Bernard Cathelat, “l’outil n’est qu’un levier. L’énergie vient de l’humain. Le risque, c’est la tentation technocrate. La voie, la révolution du management participative”. La collaboration, primordiale dans un mouvement de transformation comme celui-ci. La transformation digitale est une question de gouvernance, de partage des responsabilités. Le digital permet de partager l’information. Cela implique aussi de redistribuer la parole.

« Avec la transformation digitale, nous passons de l’organigramme au sociogramme » selon Ziryeb Marouf, qui explique que les « vrais » leaders de l’entreprise deviennent ceux qui contribuent le plus socialement, qui sont légitimes, reconnus par les autres. Le digital est  une « culture des égoïsmes compatibles ». L’entreprise digitale est une « démocrature » dans laquelle l’avis des salariés compte, même si la décision revient à la direction.

«  La « démocrature » selon Claude Bébéar : « Je gouverne par démocrature », dit Claude Bébéar : le devoir du leader est d’écouter tous les avis, prendre tous les éléments d’informations (démocratie), tout en prenant seul la décision (dictature) dont il peut rendre compte. Le chef ne demande pas de conseils mais des avis. » 

 

Ce nouvel équilibre, bouleverse et réinvente le dialogue social. « En somme, nous nous dirigeons vers la révolution du management participatif. Il faut sortir de ce modèle de management qui ressemble tant à celui de “l’instituteur qui donne des consignes, fixe le cadre, fait respecter la discipline et distribue les notes. C’est à la récréation que l’on redevient créatif, collaboratif et autonome. Il faut oser repenser nos modèles de management ».

Charles-Henri Besseyre Des Horts apporte cependant une nuance aux bénéfices du sociogramme comme hiérarchie parallèle : il provoquerait selon lui un risque de manipulation d’influence. Le problème du digital étant le nombre trop important de référents.

Bernard Cathelat souligne une autre difficulté : “le plafond de verre de l’innovation numérique”.  “Les seniors sont aux commandes dans l’entreprise, alors que la césure digitale se situe autour de 35 ans”. Les plus de 35 ans voient le numérique que comme un simple outil, alors que les plus jeunes sont convaincus qu’Internet révolutionne la hiérarchie en place. “Selon l’enquête Netexplo Digital Ready, les champions digitaux les plus dynamiques en entreprise sont les femmes de 35 /45 ans”. Comme l’expliquait Michel Serres dans La Petite Poucette, les jeunes se demandent quel est l’intérêt d’apprendre alors qu’internet fourni toutes les informations dont ils ont besoin. Il est donc primordial de “ne plus se focaliser sur l’accumulation de connaissances, mais sur l’importance, la capacité de recherche, de croisement et de synthèse des informations, pour créer ce qui n’existe pas encore ».

Ziryeb Marouf souligne cependant qu’il faut se méfier du stéréotype des jeunes, champions du numérique. Les meilleurs utilisateurs dans la vie personnelle ne sont pas nécessairement les meilleurs promoteurs dans la vie professionnelle. Le vécu et l’expérience sont capitaux dans le désir de faire bouger les choses et de prendre des risques au sein de l’entreprise. Il faut faire attention au modèle rêvé des start-ups : la moyenne d’âge y est très jeune, le poids de la structure y est léger, l’histoire y est très courte. « Dieu a pu créer le monde en 7 jours car il n’y avait pas de reprise de l’existant ».

 

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