Les entreprises tentent de se réinventer à mesure que s’accélère leur mutation digitale. Qu’en est-il des partenaires sociaux et du temps du dialogue social ? Vincent Berthelot ouvre le sujet en invitant Gabriel ARTERO, Président de la Fédération de la Métallurgie CFE-CGC.
Vincent Berthelot, administrateur de l’Observatoire, commence par retracer l’actualité sociale de ces derniers mois sur les réseaux sociaux, du #pasdevague relatif à l’éducation nationale au mouvement des gilets jaunes, avant d’en revenir aux défis et aux différentes problématiques rencontrées par les organisations syndicales.
Gabriel Artero apporte des éléments de réponses et remet en perspective le sujet en précisant que « le temps du social n’est pas le temps du politique ». Il rappelle deux éléments qui lui semblent fondamentaux : l’écoute et la confiance. Il est nécessaire de prendre le temps pertinent pour recréer les conditions du dialogue social et sortir d’une crise sociale.
En effet, les mutations digitales affectent de façon croissante les entreprises dans tous les secteurs. Elles engendrent des transformations variables selon les activités (nouveaux modes de travail, flex office, télétravail…). Dans ce contexte, les organisations syndicales se transforment aussi et leur rôle consiste à accompagner cette transformation digitale des entreprises et à s’assurer que cette mutation s’opère avec les hommes et non à leur détriment. Cette transformation digitale des entreprises exige « un temps de gestation qui est totalement déterminant » pour parvenir à les appréhender.
Dans la pratique, toutefois, cette ambition se heurte à de nombreux freins : les organisations syndicales sont parfois considérées comme illégitimes pour s’emparer de ces questions. Comment lutter contre la désintermédiation et l’ubérisation des syndicats? Il y a tout un dialogue social à réinventer. Le dialogue social est un outil au bénéfice de la transformation digitale dans les entreprises mais « il a un coût » précise Gabriel Artero.
Il alerte ensuite sur une tentation dangereuse celle de vouloir se passer des corps intermédiaires Or, ces derniers sont capables de recevoir signaux faibles et les présenter. Par ailleurs, il faut accepter que le temps du social n’est pas le temps du politique ni le temps du business mais il est important d’essayer d’harmoniser les deux temps.
Face à la transformation numérique en cours, avec l’intelligence artificielle (IA) et plus largement la « robolution », les partenaires sociaux n’ont pas d’autre choix que de se réinventer. Ils doivent apprendre à anticiper collectivement les évolutions futures. Pour notre invité, « c’est évident que les formes de travail changent, mais personne ne sait aujourd’hui si l’IA va générer plus d’emplois qu’elle ne va en détruire. Si on se projette dans l’industrie et qu’ on associe la blockchain à l’IA, certains considèrent que c’est un détonateur plus violent que le nucléaire qui nous amènera à repenser tous les business models ».
En outre, les organisations syndicales s’appliquent aussi ces transformations, avec l’utilisation de vidéos d’e-learning pour cibler efficacement et rapidement un grand nombre de personnes ; sans pour autant craindre de disparaitre. Et enfin si l’innovation est continue, le dialogue social doit l’être aussi.