Numérique et Territoires, Philippe Canonne

À l’occasion de la 16ème rencontre organisée par l’Observatoire des RSE sur le thème « Travail et Digital », Philippe Canonne, DRH de la Croix-Rouge française et Membre du Bureau National de l’ANDRH, nous a partagé ses pensées et interrogations sur les façons d’appréhender le bouleversement du monde du travail par le digital.BJ9A4592

Ce même jour, observe P. Canonne, il y a deux endroits dans le monde où l’on parle de transformation digitale : à l’Observatoire des RSE et au Forum Mondial de Davos où ils disent que « nous vivons une 4ème révolution industrielle » au cours de laquelle 7000 métiers et 5 millions de postes vont disparaître. Ces chiffres qui nous interpellent renvoient aux enjeux de nos organisations.

Dans cet exercice, il y a cependant toujours un danger qui se trouve, selon notre intervenant, dans la distance. Plus précisément, dans la distance de ceux qui conçoivent les projets par rapport aux terrain. Ce danger est celui d’oublier de se projeter dans la vraie vie. Pourtant, les initiatives intéressantes qui sont nées de cette distance ne manquent pas : vitesse de diffusion de l’information, paye dématérialisée, recrutement par algorithme ou encore, à l’avenir, des entretiens d’embauche collaboratifs. Mais la question reste la suivante : qu’est-ce que cela représente pour l’entreprise ?

Canonne pense avant tout que ces projets ont pour vocation d’être structurants. Ce sont des mises en place par le haut puisque pour faire avancer la situation dans ce type de sujet, notamment quand la politique managériale de l’entreprise s’en trouve bouleversée, il n’y a d’autre solution efficace que de faire du top down. Ainsi, là où nos projets affichent des limites, souligne P. Canonne, c’est précisément parce qu’ils viennent du haut et qu’ils sont loin de la réalité du terrain.

Or, le terrain est essentiel au projet parce qu’il le structure et le conditionne. Ce faisant, il favorise aussi sa réussite. Et lorsqu’il parle de distance, P. Canonne précise qu’elle ne se trouve pas aujourd’hui à l’autre bout de la planète, mais à l’étage d’en-dessous.

La deuxième observation découle de la première : nos projets sont relatifs et leur relativité tient à la perception qu’en a le salarié qui vit la vraie vie.

« Que faire face à ces constats ? » : selon notre intervenant, cette interrogation renferme l’enjeu du moment. Bien que nous ayons un certain nombre de clés en main (changer le modèle du management, embarquer les salariés, faire du collectif), nous n’avons aucun mode d’emploi.

Toutefois, s’il n’a pas de réponse définitive, P. Canone a une conviction : il existe en local un énorme potentiel de créativité, beaucoup de capacités et de possibilités de faire. Ainsi, en même temps que nous imaginons des solutions nationales, il faut laisser la place à des initiatives qui émergeraient des territoires. D’ailleurs, la notion de territoire est connexe à celle d’entreprise ouverte : nous vivons une disparition des frontières de l’entreprise, cette entreprise s’ouvre vers son territoire.

Dans ce territoire se trouve les parties prenantes locales desquelles peuvent émerger des réponses qui serait différentes de celles des directions. Pas forcément antagoniques ou meilleures, simplement différentes. C’est ainsi que P. Canonne conclue : « J’ai la conviction que nous devons aller chercher des solutions ailleurs. »


16ème Rencontre – Philippe CANONNE – Numérique… par