Témoignage de Patrick Plein, Directeur Digital Working & Academy – Groupe Vinci

Le thème de la transformation digitale des organisations nous donne l’occasion de découvrir de riches témoignages dans le cadre des échanges du Club Digitalisation et Organisation (DO) de l’Anvie.

En tant que grand acteur de cette nouvelle thématique choisie, Patrick Plein, Directeur digital working et Academy au sein du groupe Vinci nous fait part de son point de vue d’expert, restitué dans cet article :

 

Eléments de contexte

Vinci est un des leaders mondiaux de la construction et de la concession. Son chiffre d’affaire dépasse les 38 milliards d’euros. Il mène 280 000 chantiers, dans plus de 100 pays. Vinci, compte tenu de son activité, est un groupe extrêmement décentralisé – il compte 2 100 entreprises, soit 3 500 business units ! L’organisation est donc décentralisée, le management très autonome. En un sens, le système s’apparente à une pyramide inversée : le pouvoir est sur le terrain, dans les BUs. Le Corporate propose, coordonne, impulse, anime… mais décide somme toute peu. Les BUs évoluent donc de manière très indépendante les unes des autres, et utilisent les outils qu’elles souhaitent. A titre d’exemple, on compte ainsi plusieurs centaines de logiciels de paie différents…

Un plan de convergence IT, un réseau social d’entreprise

Compte tenu de cette grande hétérogénéité au niveau des systèmes d’information utilisés, un plan de convergence IT a été décidé par le Comex. La création d’un réseau social et collaboratif, Network Together, a été décidée dans ce cadre. Objectif assigné à cet outil : aider le groupe à gagner en synergies et en transversalité interne. Il vise aussi à répondre à l’enjeu d’internationalisation du groupe, une part croissante du chiffre d’affaires se faisant à l’étranger – notamment via des opérations de croissance externe. Il est donc indispensable de mieux connecter les entités acquises avec le reste du groupe, ainsi que les projets. Par ailleurs, le monde étant de plus en plus digitalisé, l’expérience utilisateur est jugée de plus en plus importante : le réseau social répond également à cette exigence.

Ces ambitions sont assorties de deux objectifs très clairs : faciliter la mise en relation des collaborateurs, de leurs savoir-faire, de leurs expertises et de leurs compétences, et promouvoir et développer le travail collaboratif, c’est-à-dire permettre aux individus de collaborer et de se connecter les uns aux autres beaucoup plus facilement.

Ce réseau est ouvert depuis janvier 2015. Pour accompagner ce lancement, Vinci choisit non pas d’expliquer son fonctionnement, mais d’adopter une approche par les usages :

  • mettre en avant ses compétences, ses expertises auprès d’autres collègues ;
  • identifier facilement celui ou celle qui pourra apporter une réponse face à un problème à résoudre ;
  • partager efficacement les contenus d’un projet au sein d’un même projet, ceci de manière sécurisée ;
  • partager et enrichir ses bonnes pratiques.

Concrétement Network Together est designé de manière très simple : fil d’actualités, profils, communautés, annuaire, moteur de recherche, moteur de suggestion.
A fin 2016, on comptait 15 000 utilisateurs (c’est-à-dire 15 000 collaborateurs étant allés au moins une fois sur le réseau social), plus de 1 000 communautés, 10 000 sessions par mois en moyenne. Un million de pages ont été vues, 40 000 documents partagés.

Quels enseignements ?

Vinci est une entreprise très décentralisée, très autonome. Dans ces conditions, il peut être difficile de faire du digital, du collaboratif, du transversal au sein d’un groupe composé d’entités éloignées les unes des autres. De fait, il est indispensable de penser une architecture globale, groupe, qui peut être déclinée très facilement au niveau local. Naturellement, l’expérience utilisateur doit être simple et fluide : il est donc essentiel de « penser usage ». Ces trois dimensions – architecture, déclinaison locale, usages – doivent être pensées globalement, de manière cohérente.

Deuxième enseignement :

Alors que trois, voire quatre générations cohabitent au sein d’une même entreprise, les modes de travail, les rapports que chacun entretient avec ses collègues ne sont plus univoques dans une même organisation. Le réseau social permet précisément d’instaurer de nouvelles façons de travailler. Et cela répond aux habitudes, aux modes de travail souhaités par les jeunes générations.

Autre enseignement :

Lors du lancement du réseau social, une approche virale s’avère beaucoup plus pertinente et pratique qu’un « big bang ». Il faut donc accepter que l’on progresse lentement, même si l’objectif est, au final, de parvenir à embarquer tout le monde dans la démarche. Pour ce faire, des influenceurs ont été identifiés, et, par le biais de réunions, ont pu transmettre le « virus » aux autres. En guise de conclusion, Communiquer n’est pas inutile : c’est ce qu’a fait Vinci en réalisant plusieurs petits films, à destination des collaborateurs, sur les usages attendus via Network Together.